Alys Robi_2021


Alys Robi (née Alice Robitaille) est née le 3 février 1923 dans le quartier populaire de Saint-Sauveur, dans la basse-ville de Québec. Elle  est décédée à l' Hôpital Maisonneuve-Rosemont, Montréal, à l'âge de 88 ans et 4 mois (28 mai 2011). Elle  fut inhumée au cimetière Notre-Dame-de-Belmont de Québec.


Son enfance à Québec 


Elle commence sa carrière de chanteuse, elle est une enfant prodige dans le chant. Dès l’âge de quatre ans, elle monte sur une scène et chante au cabaret Princesse en compagnie d’Olivier Guimond père.


Elle présente des tours de chant lors de galas de lutte. Son père, Napoléon Robitaille, est pompier et est lutteur dans des spectacles en plein air sur les Plaines d'Abraham. Il est accompagné souvent de la petite Alice qui chante lors des intermissions au grand plaisir des spectateurs. Après des cours de danse, de chant, de diction et de claquettes, Alice fait les théâtres Impérial et Capitole, les entractes de matches de lutte de son père et le concours "Les Jeunes Talents Catelli". A sept ans, on l'entend déjà de façon ponctuelle à la radio de CHRC.


À 7 ans, en 1930, elle présente son premier concert officiel au Théâtre Capitole à Québec, dans la revue « Ten Nights in a Bar Room »; elle se produit également au Théâtre Impérial. Puis, elle chante aux stations de radio CHRC et CKCV et gagne plusieurs concours d'amateurs. Parallèlement, elle prend des leçons de chant, de danse à claquettes, de diction et de comédie, avec divers professeurs.


Montréal 


À 12 ans, elle quitte Québec pour Montréal. Elle est hébergée chez Mme Rose Ouellette (appelée La Poune). En 1936 (à l'âge de 13 ans), elle est engagée au Théâtre National, dans la troupe de Rose Ouellette. Sous sa direction, elle apprend le métier d'actrice pendant les 75 semaines que dure son contrat prolongé. « Appelez-moi Alys Robi, parce que je veux faire le tour du monde et ce sera plus facile pour les autres nationalités de prononcer mon nom », lancera-t-elle à Mme Rose Ouellette la Poune, qui l’accueille dans sa troupe au Théâtre National. À 16 ans, elle participe à la tournée d'été de Jean Grimaldi.


Début de sa carrière 


En 1937, elle chante aussi à la station de radio CKAC-La Presse, à l'émission « La Veillée du samedi soir » aux côtés de vedettes comme Amanda Alarie et Gratien Gélinas. Elle entre dans la troupe de Jean Grimaldi et côtoie aussi les grands artistes burlesques de l'époque tels Juliette Petrie, Manda Parent et Olivier Guimond (fils), avec qui elle a une longue relation. Elle continue sa carrière dans les cabarets montréalais et elle est remarquée à l'Esquire Club (en 1942) par le réalisateur Rusty Davis qui la présente aux chefs d'orchestre et arrangeurs Lucio Agostini et Allan McIver: elle effectue régulièrement avec ces derniers, des passages radiophoniques, pendant lesquelles (inspirée par l'actrice et chanteuse brésilienne Carmen Miranda, qu'elle a vue sur écran de cinéma) elle se spécialise dans la musique latino-américaine, afin de conquérir le Canada anglais.


Carrière internationale 


Première star québécoise de renommée internationale, Alys Robi a connu une montée fulgurante vers les sommets de la gloire. Elle a conquis en quelques années seulement le Canada, les États-Unis et l'Europe toute entière. C'était 50 ans avant Céline Dion.


C'est durant la Seconde Guerre mondiale que la chanteuse Alys Robi grimpe les échelons de la notoriété. La rencontre de Robi avec le réalisateur Morris Davis, en 1942, lance sa carrière internationale. En 1942, elle enregistre "Tico, Tico" (originellement popularisé par Carmen Miranda), qui, avec "Bésame mucho" de Consuelo Velázquez, toutes deux publiées par RCA Victor, lui apportent un succès énorme. Toujours pendant la guerre, elle anime une émission en français à la radio, appelée "Tambour battant", et effectue plusieurs tournées dans les bases militaires canadiennes en Angleterre. Ayant une grande facilité pour les langues, elle traduit plusieurs chansons comme "Adios muchachos, Brésil", "Je te tiens sur mon cœur". Vers 1944, Alys accepte plusieurs contrats qui la mèneront en Europe. De plus, à Londres, elle remporte un succès en chantant à la BBC. La popularité de ces émissions permit à Alys de se faire connaître partout en Angleterre. Elle se rendit, par la suite, en France et chante de Paris jusque sur la Côte d'Azur. Elle revient à Toronto après des visites éclairs en Suisse et en Hollande. En 1945, elle s'installe au Mexique durant quelques mois et travaille avec le célèbre compositeur Gabriel Ruiz. En 1944, ses cachets dépassent 2 000 dollars CAD par semaine (une fortune à l’époque, où la plupart des travailleurs gagnent à peine cette somme en deux ans). Elle en arrive à ses premiers enregistrements officiels, de grande qualité, pour RCA Victor avec l'orchestre de Lucio Agostini, le 13 décembre 1944 — c'est ce jour-là qu’elle immortalise ses versions de Beguine (Beguin the Beguine), Amour (Amor, dont les paroles françaises sont signées Jean Lalonde) et encore sa chanson emblématique, "Tico-Tico". Alys qui parle alors couramment le français, l'anglais, l'espagnol et l'italien, traduit elle-même la majorité des textes des versions qu'elle enregistre. Dans les années 1940, elle entame une tournée sud-américaine. Elle donne des concerts au Brésil, en Argentine, au Pérou et au Mexique. Ses émissions radiophoniques sont enregistrées et distribuées à la grandeur du globe. Alys Robi est l'idole des Américains et bientôt, Hollywood la convoitera.


Auprès du chef d'orchestre, Lucio d'Agostini, second homme marié dont elle devient amoureuse, elle chante à des émissions du réseau anglais de la CBC, dont « Latin American Serenade » (de 1944 à 1948) et l’émission « Sunday Night Show », à Toronto, où elle réside alors. Ses déplacements sont tellement fréquents entre Montréal, New York et Toronto, qu'elle nolise un avion de la BOAC pour son usage personnel.


La carrière d'Alys Robi s'oriente de plus en plus vers les États-Unis en 1946, lorsqu'elle s'installe à New-York. Lors de ses visites au Québec, elle est reconnue comme une vedette internationale. En 1947, elle est connue à Paris, Londres, New York, Los Angeles, Québec, Montréal, Rio de Janeiro et Mexico, aussi en Amérique du Sud. Pendant les années 1940, elle enregistre plusieurs disques et chante dans les cabarets chics de New York et, en 1947, va en Angleterre pour chanter sur le premier programme régulier au monde qui soit télévisé, à la BBC. Après son séjour à Londres, elle retourne à Hollywood. Les studios de la MGM veulent Alys Robi comme nouvelle icône. Une brillante carrière cinématographique s'annonce pour Alys.


Elle est « la première chanteuse québécoise (ou canadienne) de musique populaire » à mener une carrière internationale Besame mucho, Adios muchachos, Chica chica boum chic, Symphonie, Cachita et Jalousie.


Elle a été baptisée par certains la « Shirley Temple » canadienne. Shirley Temple, c'est la première enfant à devenir une étoile comme chanteuse.


Accident et asile psychiatrique 


En 1948, elle commence à obtenir du succès avec les studios de cinéma de Los Angeles. Elle s'établit à Hollywood. Alys Robi se sent très seule et ressent un vide dans sa vie. Elle souffre d’un trouble de l’humeur connu, à l’époque, sous le nom de maniaco-dépression. Elle est victime d’un grave accident de la route entre Los Angeles et Las Vegas. « Je me suis brisé le crâne sur un arbre en voulant éviter une van. J’ai tourné mon volant et j’ai appuyé sur la pédale pour m’éloigner, mais j’étais en convertible et je n’avais pas de protection. Je suis rentrée d’urgence à l’hôpital à Los Angeles, ensuite à l'Institut (psychiatrique) Albert-Prévost,  dans les Laurentides. Elle doit alors interrompre sa carrière à la suite d'une dépression nerveuse, et d'une rupture amoureuse, et se retrouver, à 25 ans, dans un hôpital psychiatrique de Québec, l'Asile St-Michel-Archange à Beauport, Québec (aujourd'hui le Centre Hospitalier Robert-Giffard).

 

Durant son séjour en psychiatrie (5 ans et 4 mois), on lui administre des électrochocs, on lui fit des lobotomies, à deux reprises probablement.


Elle était sans doute troublée, endeuillée, bouleversée. Aujourd’hui, on dirait qu’elle a fait un épuisement professionnel. Était-elle maniaco-dépressive? Possible. Maintenant, on traite cela avec du lithium, on parle de bipolarité.


Elle a été internée contre son gré dans un asile psychiatrique. Elle a été mise sous tutelle par son père.


Seconde carrière 


À 29 ans (1952), à sa sortie de l'hôpital, elle s'imposera un sevrage radical, sans assistance, à Québec. Puis, de retour à Montréal, elle vivotera de petites boîtes en cachets minables, jusqu'à un grand retour à l'ex-Faisan Doré: c'est la belle époque des Brazil, Begin the Begine, Tu ne peux pas t'figurer...


En 1955, elle reçoit son certificat de santé et retrouve son identité légale.


Quand elle a entrepris sa seconde carrière, ce fut très difficile. Les spectateurs présents à ses spectacles ne se gênaient pas pour rire d'elle suite à son internement.


En cette fin des années 50, les cabarets où elle se produit sont de plus en plus grands, la carrière va bon train, trop peut-être. Fatiguée, Alys Robi va se reposer à Paris. À son retour, cependant, le Québec a changé: le Mocambo et autres El Morocco ont fait place à La Butte à Mathieu et aux Deux Pierrots, aux boîtes à chansons.


RCA fera bien une compilation de ses grands succès dans les années 70, la télé l'invitera bien dans des variétés du midi, mais la reine du latin n'a plus sa place dans le showbizz québécois, qui la regarde de haut. En 1981, lors du grand spectacle de la Saint-Jean, elle fait toutefois un bref mais émouvant retour sur scène avec Diane Dufresne, où elle reprendra "Tico, Tico".


Ce n'est qu'à la fin des années 1970 que la chanteuse Alys regagne sa célébrité par la chanson-hommage "Alys en cinémascope" de Luc Plamondon, chanson interprétée par la chanteuse québécoise Diane Dufresne. Le monde du cabaret québécois, en hommage, donne alors le nom d'Alys à ses trophées annuels. Depuis un passage à La Rose Rouge, un club gay de Montréal, à la fin des années 1960, « la première dame de la chanson retrouve un public qui fait d’elle une reine» : elle est relancée, « récupérée dans les années soixante-dix par le milieu gay qui la porte aux nues. »


Deux ans auparavant, Diane Dufresne lui avait rendu un hommage en enregistrant Alys en cinémascope sur l'album Strip Tease: «Tu voyais ta vie. Comme un film en cinémascope. C'était toi le reine des années quarante.»


En 1989, Alain Morisod (un Suisse) lui offre un album et une chanson sur mesure : “Laissez-moi encore chanter”, qui lui permet de lancer véritablement une seconde carrière.


Deux productions (TV et cinéma) lui rendent hommage. La télésérie "Alys" (1995) dont le rôle-titre a été joué par Joëlle Morin. En 2004, Alys Robi est entrée au cinéma avec "Ma vie en cinémascope". Le rôle-titre  a été joué par Pascale Bussières. Les deux productions sont l'œuvre de la réalisatrice et metteure en scène Denise Filiatrault.


En 1985, la reine Elisabeth II l'honore du titre de Lady, en la décorant « chevalière du Très vénérable ordre de Saint-Jean, pour sa contribution au domaine de la maladie mentale.


En 1985, sans grande fortune (elle habitait au Chez-nous des artistes), elle a habité à cet endroit durant les neuf dernières années de sa vie. Le Chez-nous des artistes est un organisme à but non lucratif dont la mission est d’offrir un logement sain et abordable aux personnes de 50 ans et plus œuvrant ou ayant fait carrière dans le domaine artistique, toutes disciplines confondues. La priorité est accordée aux artistes gagnant un faible revenu, sans pour autant être un critère absolu. Elle a été du premier groupe à habiter ce foyer. Ce projet lui tenait à cœur depuis très longtemps.


Fin de vie 


Puis, en 1992, elle est du spectacle d'ouverture du nouveau Capitole de Québec, où elle avait commencé sa carrière quelque 65 ans plus tôt.


Elle a rédigé deux livres durant sa vie:


Alys Robi : ma carrière et ma vie - Enfin toute la vérité. (1980)

Un long cri dans la nuit : cinq années à l'Asile (autobiographie). (2004)



Voici les principales dates sur Alys Robi


3 février 1923 > naissance à Québec

1930> premier concert officiel au théâtre Le Capitole de Québec

1936 > au Théâtre National, à Montréal

1942-1948 > carrière internationale

13 mai 1944 > enregistre plusieurs chansons chez RCA Victor

1947 > participation à l'émission inaugurale du premier programme régulier de la BBC

1948 > grave accident en Californie et internement

1952 > Alys Robi quitte l'hôpital. Elle tente peu à peu de reprendre sa carrière.

1962 > sortie du disque Les succès d'Alys Robi

1979 > Diane Dufresne lui consacre la chanson Alys en cinémascope

1985 > Alys Robi reçoit l'ordre de Saint-Jean (Ordre de Malte), elle est nommée Lady par la reine

1989 > sortie de la chanson Laissez-moi encore chanter

21 novembre 1992 > participe à la réouverture du Capitole

1995 > télésérie Alys Robi

2004 > Film Ma vie en cinémascope

28 mai 2011 > décès à Montréal



RÉFÉRENCES


Archives Il y a 10 ans nous quittait Alys Robi, première star internationale du Québec.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1796605/alys-robi-chanteuse-carriere-musique-maladie-archives

 

Pourquoi a-t-on interné Alys Robi?

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1796871/alys-robi-archives-internement-femmes-droits-chanteuse


"L‘ÉTOILE DE CE MOIS‘‘ ‘‘Alys Robi".  

http://boitedependore.com/clarence/vedetteque/robi.htm


Alys Robi: après la gloire, le gouffre.

https://www.lapresse.ca/arts/nouvelles/201105/30/01-4404070-alys-robi-apres-la-gloire-le-gouffre.php


Foule nombreuse aux funérailles d'Alys Robi.

https://www.lapresse.ca/arts/musique/201106/04/01-4406031--foule-nombreuse-aux-funerailles-dalys-robi.php


Alys Robi (mini-série). France.

https://www.wikiwand.com/fr/Alys_Robi_(mini-s%C3%A9rie)


La série, Alys Robi, relate l'épopée tumultueuse de cette grande star, de ses premiers pas sur la scène du Théâtre National, à sa chute et à son internement à l'hôpital Saint-Michel-Archange.

https://quijouequi.com/oeuvre/186/alys-robi


Alys Robi.

https://www.wikiwand.com/fr/Alys_Robi


Alys Robi. Anglais.

https://www.wikiwand.com/en/Alys_Robi

 

Ma vie en cinémascope, actrice Pascale Bussières. France.

https://www.wikiwand.com/fr/Ma_vie_en_cin%C3%A9mascope


Les années 40 : Alys Robi.

https://francomusique.ca/2020/12/30/les-annees-40-alys-robi/


Robi, Alys.

https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/robi-alys


Robi, Alys.

https://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=8096&type=pge


Alys Robi.

http://www.qim.com/artistes/biographie.asp?artistid=231


Alys Robi meurt à l'âge de 88 ans.

https://www.ledevoir.com/culture/musique/324322/alys-robi-meurt-a-l-age-de-88-ans


Alys Robi.

https://www.jesuismort.com/tombe/alys-robi#general